... exigence renouvelée par l'ouverture de la justice légale à la dynamique du droit et de la personne

La loi est aussi ouverture à la dimension du droit et de ses différents ordres, qui peut devenir autonome, et survivre à l'éclatement du monde clos de la Cité, pour régler distinctement, chacun en leur ordre, des problèmes de justice civile, pénale, publique, voire internationale. Telle est la grande invention de Rome, Cité métamorphosée en Empire, et qui se paie de l'éclatement de l'unité à la fois religieuse, morale et politique qui était jusqu'ici celle de la Cité.

Les enjeux de justice religieux, moraux, politiques se dissocient sous l'effet de la dynamique juridique, de la création de différents ordres qu'il revient à la philosophie d'articuler en théorie, et à la politique, donc à l'État d'articuler en pratique : car si la Cité a cessé d'incarner à elle seule le modèle clos de l'État qui peut supporter dans sa loi toutes les formes de justice, alors cela rend le règne de la justice par l'État plus problématique encore.

D'autant que cet éclatement des différents ordres de justice à partir du droit permet l'émergence d'une nouvelle figure, qui n'est plus seulement celle du citoyen, fondateur dans l'ordre de la Cité d'un règne autonome de la justice, mais celle du sujet pensant, de la personne individuelle, à la fois abstraite dans le droit privé comme propriétaire et responsable de biens et de contrats, et spirituelle dans son aspiration religieuse et philosophique à l'idéal d'une justice absolue.